C. GUENE 18/11/2022 : l'hôpital mais pas que

Le 01/02/2023

" L'Hôpital, mais "pas que"...

La dérive sémantique et politique que prend le débat de "la santé" sur le centre et le sud Haute-Marne interpelle et devient parfois confondant.

Certes, la querelle entre les deux cités est séculaire, mais cet

anachronisme doit-il encore dominer les esprits ?

En dépit des efforts déployés, la démographie poursuit sa chute,

complexifiant la dégradation des services publics, comprimés par le

défaut de masse critique suffisante qui les atteint dans leur efficacité.

La première et la plus salutaire des réactions devrait être de

reconsidérer les facteurs économiques, géographiques et humains, et d'en tirer les conclusions les plus évidentes.

La ville de Chaumont et le gros bourg de Langres n'ont plus la capacité à jouer, à eux seuls, le rôle moteur d'agglomération. Ils sont devenus des "villes territoires". Leur puissance économique, administrative et culturelle ne peut plus, à elle seule, jouer le rôle d'attractivité souhaité, et le tissu péri-urbain qui les entoure ne constitue pas un terreau suffisamment dense et homogène pour faire lien entre les habitants et les activités.

J'avais, à cet égard, essayé en vain, il y a un lustre, d'alerter avec un

succès mitigé, en exhortant les uns et les autres à choisir un cadre

administratif plus approprié à notre tissu, par l'intermédiaire de deux PETR, doublés d'un SCOT commun. Une telle configuration eut permis de conserver une gestion de proximité chaque fois que la subsidiarité l'autorisait, tout en mettant en débat les questions stratégiques au niveau souhaité avec des processus démocratiques plus adaptés. Certains y reviendraient volontiers...

Sur le plan de la démographie médicale, nous avons été un certain

nombre à recommander le rattachement de tout le secteur au CHU de Dijon et la construction d'un hôpital commun à Rolampont. C'était il y a plus de quinze ans. Nous n'avons obtenu qu'en partie gain de cause, avec la création du groupement sud haut-marnais avec le CHU. Les hôpitaux ont subsisté quasi en l'état, en générant des déficits considérables (surtout l'un d'eux) sans pour autant améliorer l'offre de soin.

Nous sommes aujourd'hui au milieu du gué.

Je persiste à croire que nous devons penser "territoire" et créer des

synergies entre les deux villes et leur(s) territoires(s), en couplant leurs potentialités et leurs efforts plutôt qu'elles continuent à entretenir leur concurrence stérile, tout autant qu'épuisante.

Au plan hospitalier, il apparait d'une évidence criante, aux termes de la démonstration des professionnels, qu'un plateau technique commun et une logistique appropriée laissée dans les villes, permettraient de renouer à terme avec l'équilibre financier, tout en constituant une offre de soins profitable aux patients et une pratique efficace pour les médecins.

Bien entendu, cela supposera la remise à niveau des mobilités entre les deux villes, en les rendant plus contemporaines, alors qu'elles ont été laissées à l'abandon depuis des décennies. Ces relations bilatérales devront être renforcées comme l'irrigation de tout le territoire et la mise en réseau avec les métropoles hors du département par des voies de transport adaptées.

Une telle option développerait, outre la démographie médicale, une vie, des commodités et des opportunités nouvelles pour les habitants et les entreprises, et génèrerait une autre attractivité, source de rebond.

Il est curieux que les politiques les plus avisés ne se rangent pas à ces constats, préférant des postures partisanes dépassées, que certains chroniqueurs sortent de leur habituelle réserve en perdant toute objectivité, et que des syndicalistes en viennent à délaisser le sens des intérêts qu'ils défendent.

Il s'agit là, en effet, non seulement de trouver un consensus pour

programmer une infrastructure vitale, mais aussi de prendre appui sur elle pour permettre un nouveau départ à ce territoire.

En rester à une attitude passéiste gâche la formidable occasion d'un débat pour l'avenir, et nous privera de ses conclusions.

Garant de l'aménagement du territoire, l’État devrait y être attentif ...

L'Histoire nous en sera comptable, si nous échouons dans cette

démarche, sans aucun doute dans des délais très brefs, au rythme des déficits (de tous ordres) enregistrés ..."

Charles Guené

Le 18 novembre 2022

 
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