Commençons par la chirurgie.
Qui dit plateau technique unique dit un seul lieu pour le bloc opératoire. Nous sommes depuis le début tous d'accord là-dessus.
Mais là où le bât blesse c'est quand on découvre les compétences en arithmétique de l'ARS.
30+46 = 30 ....
Donc non seulement il n'y aura PLUS de chirurgie à Langres (même ambulatoire), mais en plus, il ne pourra pas y avoir un report complet de l'activité de Langres à Chaumont faute de place disponible.
On se moque de nous, ou bien ?
Eloignement du plateau technique et diminution des capacités d'accueil = disparition d'une offre digne de chirurgie de proximité (prothèse, appendicectomie, résection de prostate, cataracte ...)
Continuons avec la médecine.
Pour ceux qui ont essayé de nous berner pendant des mois : 28 lits, c'est bien ce qui nous attend sur Langres en lieu et place des 68 !!!
Pour Chaumont, 3 unités de 28 lits et 12 lits réservés aux soins palliatifs.
Le compte n'y est pas : -40 lits à Langres, au moment où ils n'augmentent que de 19 le nombre de lits à Chaumont.
Où iront nos patients avec des pneumonies graves, des infarctus non pris en charge à Dijon ... ?
Que ferons nous des patients en fin de vie ?
Seul petit lot de consolation, les 5 lits de médecine de proximité de Bourbonne sont préservés.
Ah les urgences, service sans nombre de lits défini, par définition.
Mais quand il faut hospitaliser un patient et qu'il n'y a plus de place dans les services de l'hôpital, plus non plus dans les hôpitaux alentours ou qu'il manque un transporteur pour l'y emmener, le patient va en UHCD (unité d'hospitalisation de courte durée).
A la base, cette unité devait permettre de surveiller pendant quelques heures à 1 ou 2 jours, des patients qui ne nécessitaient pas d'hospitalisation en service.
En 2023-2024, ce service s'étend dans les couloirs des urgences ou dans un garage.
Et en 2028-2030 ? Ben ça ne sera pas mieux. 8 places au lieu de 4 à Chaumont, 6 au lieu de 4 à Langres. Mais 19 lits de médecine supprimés.
Le compte n'y est toujours pas ...
Et c'est sans compter la frustration des équipes aux urgences, qui ne peuvent plus prendre en charge de manière adaptée et décente les patients qu'ils ont en charge.
Intéressons nous à l'USIP (unité de soins intensifs polyvalents).
Ce service n'a pas toutes les compétences d'une réanimation, ni un réanimateur de garde H24 (astreinte).
Il permet malgré tout de surveiller : une hémorragie digestive, une insuffisance rénale aigüe, une pneumopathie grave ... C'est également là que sont surveillés certains patients en post-opératoire.
A nouveau, le compte n'est pas juste : 8+6 = 8 !!!
Cela veut dire que certains patients ne seront pas pris en charge dans nos hôpitaux périphériques alors que nous en avons les compétences, saturant les autres sites hospitaliers inutilement. Que d'autres patients seront potentiellement en service de médecine ou chirurgie alors qu'ils nécessitent une surveillance rapprochée. Ou que certains d'entre eux patienteront aux urgences alors qu'ils ont besoin d'être surveillés de près.
STOP à la mise en danger des patients !
Du côté de la gynécologie-obstétrique, la situation n'est pas meilleure.
Alors qu'une des justifications du positionnement du plateau technique à Chaumont était la pérennisation de la maternité, force est de constater que le nombre de lits alloués au service passera de 17 à 14 ...
Est-ce à conclure que la santé des femmes quel que soit leur âge (maternité et chirurgie gynécologique) n'intéresse pas non plus nos autorités ?
Et les enfants dans tout ça ?
Si nous ne souhaitons pas les uns et les autres que des bambins soient à l'hôpital, nous n'avons pas toujours d'autre choix. Bronchiolite grave, découverte de diabète, surveillance d'un traumatisme crânien ... sont autant de motifs de prise en charge de petits à l'hôpital.
Si 23 lits étaient sans doute de trop, que penser de 15 (10 lits de pédiatrie générale, 4 de néonatalogie et 1 en unité kangourou [unité mère-enfant]) ?
Si nous voulons renforcer l'attractivité de la maternité, n'est-ce pas pertinent de favoriser l'unité kangourou, afin d'éviter les séparations précoces enfant-parent lors de ces situations déjà anxiogènes ?
Intéressons nous aux soins de suite, désormais dénommés SMR (services médicaux et de réadaptation).
Ce service est la transition entre un service de médecine ou de chirurgie et le domicile, le temps de regagner suffisamment d'autonomie (mais aussi que toutes les aides puissent se mettre en place pour que le retour se passe le plus sécuritairement possible). C'est parfois aussi le lieu d'attente d'une place en EHPAD. Les objectifs de rééducation sont alors limités.
Chaumont gardera 28 lits (alors qu'il en existe actuellement 49), Langres passe de 21 lits à 56 et Bourbonne de 23 à 43.
Cela signifie qu'un patient habitant par exemple Bologne pourra sans doute être hospitalisé en médecine à Chaumont mais devra peut-être se rendre à Langres ou Bourbonne pour sa réautonomisation, avant d'envisager son retour au domicile.
Si nous saluons l'augmentation du nombre total de places en SMR (ce qui permettra de désengorger les services de médecine et chirurgie), leur répartition géographique peut interroger.
NB : dans le tableau présenté par les tutelles n'est pas pris en compte le nombre de lits géré par le groupe ELSAN.
Dernier focus sur le tableau du capacitaire pour vous parler d'HDJ (hôpital de jour).
L'ARS souhaitant développer l'ambulatoire, il serait logique de voir le nombre de places de ce type d'hospitalisation nettement augmenter.
En médecine, il est prévu de passer de 12 à 18 places. Ces 6 places supplémentaires permettront elles de fluidifier la filière médecine alors que 19 lits d'hospitalisation complète sont supprimés ? Une transfusion se réalise aisément en HDJ, un bilan de chute pas toujours !
En soins médicaux et réadaptation, pas de modification du nombre de places. Dommage de ne pas utiliser cette opportunité pour continuer la rééducation tout en retournant à domicile ce qui permet de se confronter aux difficultés du quotidien (problème d'accessibilité du logement, difficultés pour la préparation des repas ...).
En chirurgie, nous passons de 22 à 20 places. Alors que 46 lits d'hospitalisation complète sont supprimés ... Où est la logique ?
En gynéco-obstétrique, il est prévu 2 places alors qu'il y en a 4 actuellement. Quelle justification ?
Le seul point positif paraît être la création de 2 places en pédiatrie, ce qui permettra de réaliser des bilans plus approfondis que ceux planifiables en consultation, sans être contraints de faire dormir les petits à l'hôpital.
En résumé, le virage ambulatoire cher à nos tutelles ne sera pas forcément aussi aisé en pratique que ce qu'ils imaginent !